Cette note a été rédigée par la Coop des Milieux et Virage Énergie - dans le cadre de la Fabrique des Bifurcations Énergétiques, dispositif d’action publique collective co-piloté avec l’ADEME - en réponse à une volonté de coopération avec l’Appel à Communs résilience et sobriété.
La Coop des Milieux est une association loi 1901 à but non lucratif. Le cœur de son action réside dans la conception et l’accompagnement de dispositifs d’action publique collective relevant de dynamiques démocratiques et écologiques. Elle co-anime avec l’ADEME l’opération de consolidation de la Fabrique des Bifurcations Énergétiques (mars 2022 - juillet 2023).
Virage Énergie est une association qui accompagne plusieurs collectivités dans la mise en place de politiques publiques de sobriété locale et à l’élaboration d’outils pédagogiques sur la sobriété. Ses champs d’action sont : (1) explorer (2) former (3) accompagner (4) sensibiliser.
Virage Énergie, acteur référent de la sobriété
Virage Énergie a pour principal but une meilleure préservation et un partage plus équitable des ressources naturelles - notamment énergétiques - pour lutter contre les causes du changement climatique, pour accompagner l’adaptation de la société et pour prévenir les risques technologiques. Fort de ses quinze années d’expérience, Virage Énergie est dans l’esprit de favoriser l’adoption de politiques locales de sobriété par un maximum de collectivités territoriales.

Sobriété d’urgence et sobriété démocratique
Virage Énergie appréhende la sobriété comme projet de société, avec une approche systémique de l’énergie. Autrement dit : (1) la sobriété vise à réduire les consommations d’énergie par des changements de comportement, de mode de vie et d’organisation collective (moindre usage de la voiture, alimentation plus locale et de qualité, etc.) (2) une société engagée dans la sobriété énergétique modifie ses normes sociales, ses besoins individuels et ses imaginaires collectifs au profit d’une réduction volontaire et organisée des consommations d’énergie.
Dans un contexte d’augmentation brutale des prix de l’énergie - qui mettent sous haute tension les finances publiques locales - Virage Énergie est amenée à soutenir l’adoption de plans de sobriété d’urgence. Mais ces derniers ne peuvent se concevoir sans appréhender la mise en place d’une sobriété “systémique” de plus long terme. Pour Virage Énergie et la Coop des Milieux, cette “sobriété d’urgence” doit faire office de déclencheur de démarches de médiation énergétique qui favorisent dans les années à venir une approche démocratique et territoriale de la sobriété.
Appel à Communs : principes et évolutions
L’Appel à Communs Sobriété et Résilience s’inscrit dans la philosophie du premier Appel à Communs lancé en 2021 par l’ADEME. Sur cette seconde édition qui envisage d’associer d’autres agences publiques (IGN, ANCT, ANRU…), l’ambition demeure de soutenir des dynamiques de coopération qui (1) réunissent une diversité d’acteur·ices de la transition écologique (2) sont déclenchées autour de problématiques co-construites (3) s’animent par des processus de contribution à des communs (informationnels, pédagogiques, matériels, etc.).

FabÉnergies : philosophie et modes d’agir
La Fabrique des Bifurcations Énergétiques s’inscrit dans une nouvelle génération de dispositifs d’action publique où les acteurices de l’économie sociale et solidaire coopèrent avec les agences publiques sur la conception et la mise en œuvre des politiques de transition·s dans les territoires.
La Fabrique des Bifurcations Énergétiques a pour référentiel opérationnel la mise en action de communautés énergétiques à travers (1) la constitution de coalitions d’acteur·ices autour de problématiques énergétiques de territoire, (2) la mobilisation d’une “ingénierie sur mesure” pour faire émerger des réponses ajustées aux problématiques et (3) la co-production de “capacités publiques” (méthodes, outils, etc.) mutualisées favorisant la diffusion territoriale des initiatives.

AAC-FabÉnergies : premiers fils à tirer
Guidé par les analyses du juriste en droit administratif Olivier Jaspart1 et informé des premiers échanges autour des “défis” de l’AAC2, voici des premiers fils soumis à investigation :
- Fil n°1 : mettre en lien les plans de sobriété d’urgence (basés sur des mesures) avec des communautés de pratiques pour faire advenir des partenariats territoriaux de sobriété démocratique (basées sur des coalitions).
- Fil n°2 : capitaliser sur les enseignements de l’expérimentation de sobriété territoriale par l’approche low-tech et la coopération (sur le territoire de la CCA) pour faciliter sa remobilisation et adaptation par les DR ADEME.
- Fil n°3 : devenir partenaires des rencontres internationales de la classe dehors (du 31 mai au 05 juin 2023 à Poitiers) et organiser un “parcours sobriété” pour favoriser les croisements avec la communauté éducative.
- Fil n°4 : compléter l’outillage wiki avec un costum communecter dans le but d’adresser les fondations en volonté de travailler (avec ou sans programme) avec des communautés ; la conception pourrait se faire avec les fondations.
- Fil n°5 : ouvrir un espace de liaison entre collectifs et agent·es publics pour faciliter l’articulation avec d’autres programmes d’actions (ex pour l’ADEME : les programmes d’actions de recherche concertés, Transitions 2050).
- Fil n°6 : consacrer un budget de compagnonnage (co-opéré avec les fabriques) - ex : 10% du budget de l’AAC - pour renforcer les capacités de gestion et d’administration des collectifs qui œuvrent dans le cadre de l’AAC.
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“Appel(s) à Commun(s) : Analyse d’un Partenariat Public-Commun”, Olivier Jaspart, 2020 ↩
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Support de discussion des ateliers de sélection des défis de l’Appel à Communs résilience et sobriété, 10 et 15 novembre 2022. ↩